1.1 - Création et maintien d'un site de reproduction d'ardéïdés

HAFNER Heinz

Station Biologique de la Tour du Valat Le Sambuc - 13200 ARLES
Tél. : 90-97-20-13
Creation of a breeding site for tree-nesting herons in the Camargue - FRANCE
in manual of active wetland and waterfowl management; (Scott D ed) IWRB-Slimbridge

la Tour du Valat


Le problème posé

En Camargue, il ressort de l'inventaire des sites possibles pour la reproduction de 4 espèces d'ardéidés (aigrette garzette, héron bihoreau, héron garde-boeufs, héron crabier) et de la distribution des lieux d'alimentation, que peu de bois favorables restent inoccupés. Les sites de reproduction constituent donc un facteur limitant, la plupart des bois favorables sont occupés.

Description succincte du milieu naturel. Opportunité du site par rapport à l'obiectif

Pour la reproduction, ces hérons cherchent à s'établir dans un bois (bois de feuillus, tamaris, pinèdes, etc ... ) qui leur assure la tranquillité nécessaire. Ainsi les supports des nids ont une zone de sécurité environnante, conférée selon le cas, soit par l'eau entourant l'aire de nidification, soit par des broussailles, soit par une situation élevée des nids.
L'aire de nidification doit être entourée par de vastes zones humides de faible profondeur et riches en poissons et en amphibiens.

Méthodes possibles avec évaluation du coût

Mise en réserve d'un bois bien situé et présentant une structure favorable ou plantation d'un bois. lorsque ce dernier a atteint la structure désirée, il faut attirer les oiseaux. la seule technique efficace connue est l'utilisation d'appelants vivants, ce qui nécessite la construction d'une volière à proximité immédiate du futur site de reproduction; des autorisations sont nécessaires pour maintenir des oiseaux protégés en captivité, un congélateur rempli de poissons coupés en petits morceaux et enfin de la main-d'oeuvre pour assurer le maintien des oiseaux et pour le suivi de l'installation.

Méthode retenue

Plantation d'un bois de feuillus (Fraxinus, Alnus, Populus alba, Salix) en 1970 et création d'un étang artificiel autour de ce bois. Pour attirer les oiseaux nous avons utilisé des appelants vivants (qui se sont reproduits dans la volière). l'installation a été complétée par des nids artificiels et par des aÎgreHes artificielles en polystyrène.

Résultats obtenus

En février 1 981, 20 ans après la première plantation sur d'anciennes terres agricoles, des appelants vivants ont été lâchés dans la volière. Une dizaine de couples de hérons bihoreaux, fortement attirés par les oiseaux captifs, ont commencé à construire des nids à la fin mars, et vers la mi-avril, ils ont été suivis par d'importants effectifs d'aigrettes garzettes et de garde-boeufs. Un dénombrement complet en 1981 avait révélé la présence de 225 nids d'aigreHes garzeHes, 35 nids de Hérons garde-boeufs et 56 nids de hérons bihoreaux.
Pendant quatre années consécutives (1981-1984) le bois artificiel a hébergé une importante colonie mixte. Pendant la dernière année la colonie s'est établie sans que rien n'ait été fait pour y atti rer les oiseaux. En 19851a colonie s'est déplacée de 7 kms pour s'établir dans un bois naturel qui borde un canal d'irrigation. Aujourd'hui, un certain nombre d'arbres sont en train de mourir sur le site artificiel. Ceci est dû à la présence de sel dans la nappe phréatique. Nous travaillons actuellement à un nouveau plan d'aménagement. Un deuxième bois qui avait été planté en 1978 a maintenant atteint une structure favorable et des essais pour attirer à nouveau les oiseaux seront entrepris dès 1990.